Au lieu de “découvrir votre voie”, construisez-la !
(traduction libre d’un article du Stanford News)
Au lieu de « découvrir ta passion », essaye plutôt de la développer, disent les chercheurs de Stanford.
La croyance que nos centres intérêts nous arrivent déjà entièrement formés et n’ont plus qu’à être « découverts » peut amener les personnes à limiter leur attirance pour de nouveaux secteurs mais aussi à abandonner lorsqu’elles rencontrent des difficultés, selon une nouvelle étude de Stanford.
Si « découvre ta passion » est un conseil pavé de bonnes intentions, ce n’est pas pour autant qu’il est forcément valable.
Une nouvelle étude des psychologues de Stanford examine les implications cachées de cet avis. En fait, cet adage donné si souvent lors des conférences de remise des diplômes peut limiter la manière dont les centres intérêts se développent.
Dans une série d’études de laboratoire, le post-doctorant Paul O’Keefe avec Carol Dweck et Gregory Walton, ont examiné les croyances qui peuvent conduire les personnes à réussir ou échouer à plonger dans leurs centres d’intérêts.
Les injonctions comme « découvre ta passion » portent des implications cachées, disent-ils. Elles impliquent que lorsqu’un intérêt fait écho, il sera facile de l’investiguer. Mais, les chercheurs ont trouvé que lorsque les personnes rencontrent les inévitables obstacles en cours de route, cet état d’esprit les rend plus susceptibles d’abandonner ce nouveau centre d’intérêt.
Et l’idée que les passions arrivent déjà formées implique que le nombre de centres d’intérêts d’une personne est forcément limité. Cela peut faire que les personnes réduisent leur focus et négligent d’autres intérêts possibles.
Changer les états d’esprit
Pour mieux comprendre comment les gens abordent leurs talents et capacités, les chercheurs ont commencé avec une étude précédente de Dweck sur deux états d’esprit vis à vis de l’intelligence : fixée ou développable. Quand les enfants et les adultes pensent que l’intelligence est fixe (soit tu l’es, soit tu ne l’es pas), ils sont moins résistants face aux défis scolaires.
Puis ils ont ensuite observé l’état d’esprit vis à vis des centres d’intérêt : les centres d’intérêts sont-ils considérés comme des qualités fixes qui sont inhérentes à nous, et attendent simplement d’être découvertes ? Ou alors ce sont des qualités qui demandent du temps et des efforts pour être développées ?
Pour tester comment ces différents systèmes de croyance influencent la manière dont les personnes orientent leurs intérêts, O’Keefe, Dweck et Walton ont conduit une série de cinq expériences avec 470 participants.
Dans la première série d’expériences, les chercheurs ont recruté un groupe d’étudiants qui s’identifiaient soit en tant que « techno » ou en tant que « vaporeux » – le langage de Stanford pour décrire les étudiants soit intéressés par les sujets digitaux et technologiques (technos) ou par les arts et les humanités (vaporeux). Les chercheurs ont demandé aux deux groupes d’étudiants de lire deux articles, un sur un sujet technologique et l’autre sur les humanités.
Ils ont découvert que les étudiants qui avaient un état d’esprit « fixe » sur les centres d’intérêt étaient moins ouverts à un article qui était en dehors de leurs intérêts.
Une vision fixe peut être problématique, dit Walton, un professeur associé de psychologie à l’école des Humanités et Sciences de Stanford et membre de l’université Michael Forman dans l’enseignement supérieur. Etre étroitement concentré sur un domaine peut empêcher les individus de développer des connaissances dans d’autres domaines qui pourraient être importants pour leur propre domaine par la suite, selon lui.
« De nombreuses avances dans les sciences ou le commerce arrivent lorsque les personnes rassemblent plusieurs domaines, lorsque les gens voient de nouvelles connexions entre des domaines qui n’avaient pas été vues avant », dit-il.
« Dans un monde de plus en plus interdisciplinaire, une approche « développement » des centres d’intérêt peut potentiellement conduire à ce genre d’innovation, par exemple voir comment l’art et les sciences peuvent se fondre », ajoute O’Keefe, post-doctorante à Stanford et désormais professeure assistante en psychologie au Yale NUS College.
« Si vous êtes trop concentré et dédié à un domaine, cela pourrait vous empêcher de développer des intérêts et expertises dont vous avez besoin pour faire le pont avec d’autres domaines », dit Walton.
Parti pour échouer ?
Les recherches ont aussi découvert qu’un état d’esprit « fixe » peut même décourager les personnes à développer leurs propres centres d’intérêt.
Dans une autre expérience, les chercheurs ont éveillé l’intérêt des étudiants en leur montrant une vidéo attrayante sur les trous noirs et l’origine de l’univers. La plupart des étudiants étaient fascinés.
Mais, par la suite, après la lecture d’un article scientifique complexe sur le même sujet, l’excitation des étudiants se dilua très rapidement. Les chercheurs découvrirent que la chute d’intérêt était la plus grande pour ceux qui avaient une approche fixe à propos des centres d’intérêt.
Cet état d’esprit peut conduire les personnes à mettre de côté un intérêt lorsque celui-ci devient trop complexe.
« La difficulté pourrait avoir signifié pour eux que finalement ce sujet n’était pas dans leurs centres d’intérêt », écrivent les chercheurs. « Pris ensemble, les étudiants en faveur de la théorie du développement des centres d’intérêt ont peut être des croyances plus réalistes sur le fait de creuser un intérêt, ce qui peut les aider à continuer leur engagement même si les éléments deviennent plus complexes. »
A la place, développez votre passion
Les auteurs suggèrent que « Développez votre passion » est un conseil plus adapté.
Si vous considérez quelque chose et vous pensez « Ca paraît intéressant, c’est un domaine auquel je pourrais contribuer », cela vous encourage à vous investir dedans », dit Walton. « Vous prenez le temps de le faire, vous rencontrez des challenges, et peu à peu vous construisez votre engagement dans ce domaine ».
Dweck, la professeure de psychologie de Lewis and Virginia Eaton, note : « mes étudiants, au début, sont tout excités à l’idée de découvrir leur passion, mais peu à peu ils s’engouent beaucoup plus sur le sujet de développer leurs passions et les maintenir. Ils arrivent à comprendre que c’est ainsi que leur futur sera construit et comment à terme ils pourront contribuer au monde. ».
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